• Tradition botanique Ardèchoise

     

           

    Tradition botanique Ardèchoise


     

     

    En sillonnant les sentiers de la garrigue ardéchoise, on découvre un vaste panel de plantes sauvages qui, autrefois cultivées, constituaient une véritable pharmacopée. Il était de tradition de cultiver  un jardin officinal familial , tel qu’un potager. Pour leur conservations, ces plantes étaient séchées et d’autres mis en macérations dans de l’eau de vie. Les simples plus populaires sont la Sauge, la Mélisse, l'Hellébore, le Sureau, le Tilleul et  le Frêne.
    Selon les traditions botaniques de l’Ardèche, certaines plantes cueillies entre les deux fêtes de Notre Dame : Notre Dame d’Août : Le 15 Août et Notre Dame de Septembre : Le 8 Septembre,  posséderaient  des vertus médicinales remarquables. Il est à noter que la personnalité de Notre Dame reprend en une seule personne des croyances antiques d'entités féminines les plus diverses, déesses mères celtiques, romaines ou même dit-on égyptiennes. On parle aussi de lieux ou des fées étaient autrefois vénérées. Tous ces lieux originellement dédiés à une entité féminine  ont été  sacralisés au nom de la  Sainte Vierge, Notre Dame par les premiers évangélisateurs. De nombreux lieux de culte consacrés à Notre Dame remontent historiquement à la plus haute antiquité, sans qu’il soit réellement possible de déterminer en ces temps modernes quelle divinité y était à l’origine vénéré.

    Il était recommandé de cueillir les plantes « au moment où la Lune est couchée, et où le soleil n’est pas encore levé ». Moment désigné comme sacré car le temps est a cheval entre la lumière et l’obscurité. C’est à cet instant que la cueillette permet aux simples,  de conserver le plus  de vertus bienfaisantes.

     


     
    Tradition païenne

    Dédications avant cueillette à la terre et la plante
    O toi par qui s’endort la Nature !
    Toi qui fais fuir le jour et amène la nuit !
    Toi qui nous caches le soleil !
    Toi qui engendres toutes les herbes ! T
    Toi qui les donnes aux humains pour leur guérison !
    Et l’on repetait par trois fois

    « Celle qui vous a créé avec vos propriétés salutaires veut que je vous cueille !»

        Après la cueillette une offrande était faite à la Terre que l’on déposait dans le trou d’arrachage (miel, grain de blé ou d’orge)

     



    Le Manuscrit « A » qui provient des archives d’Annonay, dévoile la composition de l’huile dite « Merveilleuse ». Les plantes la constituant  sont les suivantes.
     Chardon Béni, Bétoine, Agripaume, Agrimoine, Pulmonaire, Branche-Ursine. Branc-ursine sauvage, Orvale, Scufulaire noueuse,Cousol, Sarasinèque,Sauge,Chardon-Marie, Langue de Cerf, Langue de bœuf, Scolopendre, Scabieuse,  Véronique
       
     
    Tradition de la St Jean en Ardèche

     
    La nuit de la Saint Jean (23 au 24 juin) correspond au solstice d'été, qui est la nuit la plus courte de l'année et le moment où la récolte des plantes médicinales est la plus appropriée. Cette date reprise par les évangélisateurs des premiers temps est le reflet des cérémonies païennes qui se déroulaient depuis la plus haute antiquité.

    En Ardèche, la nuit de la saint Jean, des hommes tirant derrière eux des roues de pailles enflammées descendaient en courant du haut en bas des collines, afin de symboliser la course du soleil.
    Les fleurs étaient montées en bouquet, tressées en couronnes ou en guirlandes pour être déposées sur ou autour de l'autel de célébration  et accrochées au fronton des portes afin de "porter bonheur". Il était habituel, lors de la confection du bouquet de la Saint Jean, de remplacer l'ancien bouquet par le nouveau et de laisser macérer l'ancien bouquet dans l'huile d'olive sur les tisons restant des feux de la Saint Jean.Cette macération servait tout au long de l'année pour les plaies ou autres maladies de la peau, autant pour les humains que pour le bétail.
     

     

     

    Les plantes de la st Jean  en Ardèche


        Armoise
        Arnica
        Bourrache
        Centaurée
        Gentiane
        Livèche
        Mauve
        Mélisse
        Menthe
        Millepertuis
        Noyer feuilles
        Ortie
        Pied de chat
        Reine des près
        Serpolet 
        Tilleul
        Verveine 
        Violette odorante

     

     En vue de leurs principes actifs divergents, les guérisseurs avaient pour habitude d'utiliser  des panacées de plusieurs simples afin de traiter sur un terrain plus large le mal du patient
    les plantes les plus utilisées par les guérisseurs ardéchois:
        Bourse à pasteur : sang et circulation.
        Fumeterre  : dépuratif, foie.
        Germandrée, Petit chêne : estomac.
        Lierre terrestre  : poumons
        Marrube blanc  : poumons, expectorant.
        Mauve  : adoucissant.
        Pariétaire  : reins.
        Petit houx, Fragon épineux : vaisseaux sanguins.
        Reine des près, Ulmaire : rhumatismes.

     



    Traditions et curiosités


     Abeille: A titre préventif contre les rhumatismes, il faut se faire piquer par une abeille à la belle saison.

     
    Aigremoine : Utilisé comme plante divinatoire placé dans l’oreille d’une personne endormie.


    Amandier : Les amendes amères contiennent de l'acide Cyanhydrique (acide prussique). On pense qu'il suffit de vingt amandes amères pour tuer un homme. A ne pas confondre donc avec les amendes douces!

     
     Arrête bœuf : Ses racines arrêtent le bœuf qui tire la charrue.

     
      Aunée ou Campagne   : On la trouvait dans tous les jardins. On employait la décoction de la tige pour le mal d’estomac, les coliques, les spasmes ; les convulsions ; les étouffements. La décoction de sa racine était diurétique.

     
     Angélique:  Annibal Camoux, qui mourut à 120 ans en 1759, mâchait continuellement de la racine d'Angélique.

     
     Basilic ou Pistou  : On en trouve dans de nombreuses maisons dans un pot de fleur sur la fenêtre l’été et au coin du feu l’hiver. C’est un porte-bonheur. Il  est employé comme condiment pour confectionner des potages. En infusion c’est un digestif.

     
     Chou : De nos jours, le chou vert classique est considéré comme souverain  contre les douleurs rhumatismales. On applique ses feuilles froides sur l’emplacement douloureux. Ou bien on applique un cataplasme chaud de choux et d’oignons cuits, mélangés de son, et mis dans un linge.


    Coquelicot ou Quoquelicoq : De nos jours les familles préparent un sirop avec ses pétales. Employé en alimentation pour la préparation des caillettes.

     
    Datura (Datura stramonium) : Elle était dite herbe aux sorciers  ou herbe des magiciens.

     
     Figuier : On conserve les fromages dans ses grandes feuilles. Olivier de Serres prétendait conserver des raisins deux ans dans ces mêmes feuilles. (XVIéme siècle)

      
    Germandrée petit chêne  : Très appréciée par les guérisseurs car considérée comme une « panacée universelle » (remède universel).

     
    Guimauve : Comment faire des tablettes de guimauves? (Recette du XVIIIéme siècle.) : « Prenez  4 onces (once = 32 g) de pulpes de  guimauve passées par un tamis, une livre et demi (une livre = 500 g) de sucre fin, 6 onces d’eau de rose. Il faut faire cuire le sucre en tablette avec l'eau de rose, puis y mêler la pulpe de guimauve.

     
    Hellébore noir ou rose de Noël : On suspendait un bouquet de cette plante dans les écuries pour protéger les animaux du mauvais œil et des prédateurs.

     
    Petit houx ou Fragon épineux : Plante tutélaire (qui tient sous sa protection), protectrice des maisons.


    Joubarbe des toits, Barbe de Jupiter: C'est une plante de protéction contre la  foudre.


    Lichen :Dans les montagnes d'Ardèche vers 1879 l'on récoltait un lichen de couleur crapaud pour en faire une farine. Celle-ci était consommée en potages ou en pâtes  avec du miel comme fortifiant.

     
    Marjolaine sauvage ou Origan : plante aux multiples vertus.


    Mauve  : "La mauve cuite avec du sel, mangée en purée est moult profitable , elle est bonne pour toutes maladies que l'on peut avoir au corps.(…) Ses fleurs broyées avec des feuilles d'olivier détrempées de vin blanc à jeun, guérissent des angoisses." (Manuscrit XVII & XVIIIème siècle)


    Mélisse (Melissa officinalis) : Est décrite comme une panacée universelle. "Mélisse et sauge franche broyées ensemble avec du vinaigre et mangées avec du vin rouge confortent le cœur et réjouissent l'âme." "Elle a de la sollicitude pour les humeurs précédentes de la mélancolie." Manuscrit du XVIIIème siècle. (Rien ne nous empêche de placer Sauge et Mélisse dans vos salades pour en enrichir le goût et les  vertus.) Ce conseil coquin: "Si les femmes connaissaient les vertus de la mélisse… Elle la plierait dans leur chemise." L'  "Eau de Mélisse des Carmes Déchaussées" était déjà commercialisée il y a 400 ans! Rendez vous compte! Cette "Eau de Mélisse des Carmes déchaussées" est toujours commercialisée.

     Millepertuis  : Plante tutélaire de la maison et contre le mauvais œil. "Le millepertuis passait pour préserver les maisons de l'esprit malin et des sorcières.

     
    Nénuphar  : Réputée pour leur vertu anri-aphrodisiaque (calmant de la libido). On raconte qu'un jour dans un monastère ardéchois les moines proposèrent un verre à l'un de leurs fournisseurs. Celui-ci accepta et affirmait en contant son aventure que pendant 15 jours il fut impuissant. Il avait bu une liqueur de nénuphars, soi-disant seule boisson alcoolisée de ces moines.


    Noisetier : La baguette de noisetier est sacrée. C'est l'instrument des sourciers. A la saint Jean on coupait les branches de noisetier dont on trempait l'extrémité dans la cire fondue.

      
     Noyer  : Le vin de noix est très prisé comme apéritif encore de nos jours. Pour le confectionner prendre cinq litres de vin rouge ou blanc, un litre d'eau de vie, cinquante noix, formée mais non encore mûres (début juillet), les casser. Laisser macérer pendant 40 jours. Passer sur une gaze et ajouter un kilo de sucre.  On évite les piqûres d'abeilles et d'insectes en se frottant le visage et les mains avec des feuilles de noyer. (J.Valnet). Il est fait mention que les feuilles de noyer éloignent vermines et insectes.


    Oignon  : Le jus d'oignon constitue une excellente encre sympathique (qui révèle le texte écrit seulement quand le papier est chauffé). Faites en  donc  la surprise à vos enfants (ou à votre amoureuse).


    Persil : Il s'agit d'un aphrodisiaque. Il est dit "Celui qui réussit bien sa culture risque d'être cocu…  Le toucher fait casser les verres, fait tourner le lait des nourrices… Porté sur soi au contact de la peau, il calme tous les  maux de ventre en général". C'est une plante dite magique.


    Piloselle, Epervière piloselle  : Jus utilisé autrefois pour tremper épées et couteaux.


    Psyllium ou herbe aux puces : Son herbe épandue dans la chambre en chasse les puces.


    Radis  : Pour faire un sirop anti-toux, le raper et le mélanger à du sucre.

     Rue ou rude : On en trouve encore dans tous les vieux jardins dont elle éloigne les vipères.

     
    Saponaire :Cette plante frottée dans l'eau, donne une eau savonneuse employée comme détergent pour le linge, les cheveux, le visage.


    Sarriette  : C'est un aphrodisiaque réputé.

      
    Sauge : Réputée comme une panacée universelle. "Qui a la Sauge dans son jardin, n'aura plus besoin de médecin !»

     


    Verveine sauvage : plante sacrée des gaulois.  Elle n'a rien de commun avec la verveine odorante vendue en pharmacie qui se nomme Lippia citriodara. "Au temps des gaulois, les officiants lavaient leurs autels avec l'infusion de verveine, qui entrait dans la composition de l'eau lustrale. (Eau magique et sacrée des anciennes traditions)

     
    Vesses de loup : (champignon en forme de boule qui a maturité éclate en dégageant un nuage de spores.) Cette "fumée" était utilisée autrefois pour éloigner les abeilles de leur ruche au moment de la récolte du miel.

     
     Recette traditionnelle du "Brûlot: "Dans un bol d'eau-de-vie mettre sept morceaux de sucre, enflammer l'eau-de-vie, laisser brûler la moitié du volume, boire très chaud en s'enveloppant d'une couverture dans le lit, changer de drap et de chemise aussi souvent que nécessaire. C'est un remède souverain contre les rhumes, la grippe,les froids."



    Sources "Guérisseurs et Remèdes Populaires dans la France Ancienne" "Cévennes, Vivarais"  par Pierre Ribon